L’Histoire d ‘un·e Autre
Cie En Verre et contre Tout
suivre ici https://www.enverreetcontretout.net/lhistoire-dun-autre/
Théâtre de projection, d’ombre et de papier Création premier semestre 2025
“Quel effort n’a pas fait le monde colonial ?
Que d’efforts n’avons-nous pas fait ?
Nous, Antillais.
Pour tout biffer, pour tout effacer, pour tout oublier.
Quand j’étais à Gorée, je crois avoir écrit sur le tableau,
“souviens toi” ou quelque chose de ce genre là. Pour moi, c’est
fondamental, il faut se souvenir. Il n’est pas question de
ressentiments mais il faut se souvenir”
Aimé Césaire
Pour cette nouvelle création, la compagnie
s’attèle à la construction de « l’Autre », à
l’invention du « sauvage » qui mêle
exhibitions humaines et recherche
scientifique sur les « races ».
Dès le milieu du XIXème siècle et jusque
dans les années 30, les exhibitions
d’hommes et de femmes venus d’autres
continents se sont enchaînées dans la
vieille Europe, chacun voulant montrer sa
puissance, son empire.
Un temps où des hommes venaient voir des
« monstres » ou des « exotiques » non pas
pour ce qu’ils faisaient, mais pour ce qu’ils
étaient censés être.
Des êtres différents. Des êtres inférieurs.
Des Autres… figurants.
« Ce que j’entends par sauvage,
c’est une chose qu’il faut
éradiquer de la surface de la
terre par la civilisation »
Charles Dickens
Yas, slameuse sera le fil rouge du spectacle, elle tissera le lien entre passé et présent. Comment cette histoire coloniale impacte encore notre société…
Entre l’exhibition de la Vénus Hottentote en 1810 et les dernières grandes exhibitions d’ »exotiques » en Occident vont s’écouler 130 ans. Le temps nécessaire pour fixer définitivement une ligne invisible entre « Nous » et les « Autres ». Une vision de l’Autre, inférieur au modèle de l’homme blanc. Cette construction d’une altérité s’est faite méthodiquement, validée par les scientifiques de l’époque, poussée par le vieux et le nouveau continent trouvant leurs intérêts pour justifier et amplifier la colonisation.
Ces exhibitions de femmes et d’hommes venus d’ailleurs ont servi les intérêts d’une société cherchant à se montrer forte pas par ce qu’elle développe mais par ce qu’elle prend indûment. Il faut maîtriser, contrôler, coloniser, remodeler le monde à son image, et faire disparaitre le « sauvage ».
Ces spectacles ont permis le passage d’un racisme scientifique au racisme colonial jusqu’à un racisme populaire qui s’est propagé bien après la fin de ces exhibitions et qui reste d’actualité.
Notre société contemporaine, empreinte de cette histoire, la garde en héritage. Elle est assimilée et peu questionnée voire parfois détournée.
Comment déconstruire un discours politique et scientifique porté pendant plus d’un siècle, appuyé par un spectacle de masse, relayé par les journaux et la photographie ?
Comment faire prendre conscience des mécanismes employés dans le seul but d’ hégémonie ?
Comment montrer les liens ténus avec notre société contemporaine ?
La construction de l’Autre est la construction d’un mythe, d’histoires jouant sur les peurs et les fantasmes pour se rassurer et s’assurer de sa supériorité. Ces mythes conscientisés ont été inscrits dans la réalité d’une époque. Ces fictions se voulant réelles sont gravées dans l’histoire des nations.
Ce spectacle s’appuiera sur trois histoires : La Vénus Hottentote, Guillermo Farini et les Zoos Humains. La construction du texte s’inspirera d’analyses scientifiques (Entre autre Zoos Humains et exhibitions coloniales sous la directions de Pascale Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Eric Deroo, Sandrine Lemaire), de citations de Aimé Césaire, Frantz Fanon…